Cette douce chose que la psychanalyse
La première phase, c'est quand t'as des trucs dans la tête, et tu as trop l'impression que tu vas donner un élément croustillant à ton psy dont il va pouvoir se délecter, limite de la manne céleste en boîte. T'es fière de toi, genre je suis polie, et je n'arrive pas les mains vides, comme ta mère te l'a appris. C'est pas des fleurs, mais l'occasion s'y prête pas trop ,en l'occurrence, et là c'est plutôt un bout de cerveau.
La deuxième phase, c'est quand tu balances la sauce, tu lâches tout, fière de tes paroles, et de tes trouvailles judicieuses ,parce que tu crois avoir trouvé l'interprétation et les réponses toutes prêtes à ton problème. Mais forcément, c'est pas aussi simple, parce que c'est jamais simple, faut arrêter de se faire des idées.
L'autre solution, dans cette deuxième phase, c'est que tu n'as absolument aucune idée de ce que ça fout dans ton cerveau, ça te fait grave flipper, et y a des chances pour que tu chiales sous le nez du psy, qui te tend gentiment une boîte de Kleenex en attendant que tu finisses quand même à un moment ou un autre, par balancer ce que t'as à dire.
Donc après, y a cette autre phase, la troisième, où tu dois te remuer les méninges pour comprendre ce que c'est, d'où ça vient, pourquoi ça sort et ce que ça fout là à pourrir dans ton cerveau. Souvent c'est pas si compliqué, et en un petit quart d'heure, rapidement, tu rassembles les morceaux, même si une fois sur deux ça t'arrange pas franchement, voire ça te fait chier que ça s'assemble comme ça, même si tu sais que si, si, c'est bien comme ça qu'il fallait ranger les trucs. Là, tu l'as dans l'os, parce que de toute façon, c'est ça, tu le sais, et il va falloir que tu fasses avec.
Du coup, arrive cette dernière phase où tu rentres chez toi, avec ton sac plein de nouveaux trucs pour ton cerveau, genre j'ai acheté des nouveaux meubles, mais tu sais pas encore comment tu vas les agencer dans ton appart', et tu sais pas quoi en foutre, limite tu te demandes pourquoi t'as besoin de nouveaux meubles alors que les anciens sont vieux et moches, mais au moins t'y es habituée. Tu fais des essais, mais ça va pas du tout comme tu veux, le plafond est pas assez haut, il manque 10cm sur un mur, le fil de la lampe est pas assez grand pour atteindre la prise la plus proche. En gros tu voudrais bien t'auto-lobotomiser, ce qui reviendrait à payer un décorateur professionnel.
Mais au final, malgré toutes ces métaphores foireuses, ce qui domine, c'est que ça se termine comme ça : tu t'es pris une claque dans la gueule qui te fout par terre, comme une grosse merde, et qui t'a tellement sonnée que t'es là, comme une grosse conne, sans pouvoir te relever.
Et tu douilles graves, crois moi.